Temps de guerres et temps de paix

Le Pays de Sarrebourg, comme toute la Lorraine, n’a cessé durant son histoire d’être une terre déchirée par les nombreuses convoitises, à la fois entre les rois, les ducs et les empereurs, mais aussi entre les seigneurs, les comtes et les barons locaux.

Le bruit des lames d’acier ou des armes à feu, les cris des soldats et des habitants ont fait place au silence des pierres qui avaient été érigées en châteaux, remparts et fortifications. Terre de conflits, le Pays de Sarrebourg est aussi une terre de contacts, où les constructions ont épousé au fil du temps les influences venues d’ailleurs.Voici quelques sites du Pays de Sarrebourg racontant les épisodes de son histoire entre temps de guerres et temps de paix.

L’ancien château de Turquestein-Blancrupt, cité déjà dès le Xe siècle, servait à protéger la route du Donon avant de devenir un lieu abritant une cour fastueuse. De cette bâtisse, il n'en reste aujourd'hui que de maigres ruines. Du XIIe au XIVe siècle, a été érigée en bordure du Massif Vosgien une ligne de défense destinée à protéger l’Alsace des ambitions du Duc de Lorraine. Un nombre important de ces châteaux s’élève en territoire mosellan, dont le château de Lutzelbourg. Lors de la guerre de Trente ans, Richelieu fit démanteler la plupart de ces forteresses qui constituent aujourd’hui un ensemble de ruines majestueuses. Insolite quant à elle la bâtisse de Geroldseck, à Niderstinzel, qui dresse ses murs au milieu d’un champ isolé, où règne un long silence comme celui après une bataille.

Ruines du château de Turquestein 

Le château de Lutzelbourg

Le Geroldseck

Dans la ville centre de Sarrebourg, une partie du rempart entourant la vieille ville du Moyen Age est encore visible dans le Jardin de la Liberté. Le Pays de Sarrebourg n’échappe pas à la construction de sites défensifs si caractéristiques de l’œuvre de Vauban, en Moselle. Ainsi la ville fortifiée de Phalsbourg, créée de toutes pièces vers 1570 autour du château d’Einhartshausen, de dernier rebâti en 1568 avec les influences de la Renaissance, est fortement marquée par l’empreinte de Vauban ; la vaste place d’armes, l’imposant château des comtes palatins, les Portes de France et d’Allemagne témoignent encore de l’importance de la ville qui garda toute sa valeur militaire jusqu’au Second Empire. Mise en valeur dans les récits des deux écrivains originaires du Pays de Sarrebourg, Alexandre Chatrian et Emile Erckmann, Phalsbourg vit naître le général Mouton, comte de Lobau, dont Napoléon disait « Mon Mouton est un Lion ».

Les vestiges des vieux remparts à Sarrebourg

 La Porte d'Allemagne à Phalsbourg

Le château du Sarreck à Oberstinzel et celui de Réchicourt-le-Château, avec leur plan circulaire, témoignent eux aussi d’éléments fortifiés, représentatifs d’une architecture militaire. A l’aube du XVIe siècle, le climat de querelles, de luttes d’influences et de guerres qui régnait alors sur l’ensemble du territoire actuel de la Moselle, nourrit pas le manque d’unité politique, n’était pas propice à l’essor des châteaux d’habitation. Même au moment où la Renaissance s’épanouit, l’architecture garde des éléments défensifs.

Malgré les remaniements au XVIe et XVIIIe siècles, Fénétrange a conservé l’essentiel de son aspect féodal (voir "La Médiévale" dans la rubrique "A chaque cité son caractère" sur ce site . Une partie des fenêtres à meneaux du château ont été maintenues. Le château de Réchicourt-le-Château présente lui aussi de vigoureuses fenêtres de même type. De nombreuses fermes revêtent également un caractère défensif, tel la Ferme de Romécourt à Azoudange, qui présente une architecture unique. La guerre de Trente ans, qui s’abat en Lorraine en 1633, va entraîner non seulement l’arrêt de toute construction de château, mais encore la destruction de nombreux édifices.

Le château du Sarreck - Oberstinzel - Pays de Sarrebourg

Fenêtre du château  de Réchicourt

Ferme de Romécourt - Azoudange - Pays de Sarrebourg

Ces différents sites, revêtus d’un caractère défensif pour rappeler combien la terre de Lorraine fut convoitée et partagée à travers les conflits, savent toutefois montrer des traits de majesté, parfois jusqu’au raffinement. Et s’ils sont encore debout aujourd’hui, c’est comme pour lancer un défi aux tourments de l’histoire.


Plus près de notre temps, sont érigés un peu partout sur le territoire des monuments du souvenir des conflits des deux guerres mondiales du XXe siècle, nous mettant sans cesse en mémoire ceux qui étaient dans les combats.

Comme pour porter toutes les souffrances de ces batailles, au fond de l’allée centrale de la nécropole nationale de Sarrebourg, se dresse en regardant le ciel, la statue du sculpteur Fredy Stoll, prisonnier en Bavière durant la première Guerre Mondiale, pendant que des milliers de soldats reposent dans l’éternité.